Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/86

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assise sur ses genoux, et pendant qu’il la remerciait par mille caresses, frémissante, elle poursuivait :

— Après tout, que veut le prince ? Nous ne sommes pas en Russie ; je ne suis pas la fille de l’un de ses serfs. J’ai ma fortune personnelle qu’il n’oserait garder, lui, un gentilhomme. Et puis, je t’aime, je t’aime ! Est-ce ma faute à moi ? N’est-ce pas plutôt sa faute à lui ? Tiens, vois-tu, je préfère qu’il sache tout ! J’en avais assez de ces mystères et de ces mensonges. Ce qui arrive était fatal. Mieux vaut qu’il en soit ainsi, pour que je reste à toi, à toi seul !

Lise Olsdorf se grisait de ses propres paroles. Elle était superbe de passion inassouvie. Enveloppant son amant de ses bras nus, c’était Vénus tout entière à sa proie attachée.

Ses longs cheveux flottants sur ses épaules nacrées, c’était Madeleine avant le repentir.

— Mais qui a donc pu nous dénoncer ? demanda Paul Meyrin en s’arrachant doucement, après un long silence, à l’étreinte brûlante de la jeune femme. Qui a pu renseigner ton mari aussi exactement ?

— Oh ! tout le monde, répondit la princesse avec un sourire qui semblait exprimer que le contraire eût été impossible : les journaux d’abord, dont les chroniques se plaisent depuis longtemps, dans leurs comptes rendus des premières, à mettre ton nom auprès du mien, et sans doute aussi quelques bons amis jaloux de notre bonheur. Qu’importe !

— Mais notre enfant, cette chère fillette que nous oublions ; que va-t-elle devenir ?

— Pierre doit croire que Tekla est sa fille. Il ne sera pas question d’elle entre nous.

— S’il a des doutes ?

— C’est impossible ! Enfin, nous verrons. En attendant, ne dis rien de ce qui se passe à ta mère, ni à ta sœur, ni à personne. Il sera bien temps de les instruire lorsque nous saurons nous-mêmes à quoi nous en tenir. Aussitôt le prince sorti de chez moi, je t’enverrai chercher. Tu