Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/108

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que je vous connais bien ! C’est miracle si je n’ai pas succombé ! Je tenais trop à vivre pour vous aimer comme les autres ! C’est pour cela que je vous aime toujours. En quoi cette affection et mon expérience peuvent-elles vous être utiles ?

— Je vais vous le dire, répondit Gabrielle, qui n’avait pu s’empêcher de sourire à la profession de foi quelque peu passionnée du commandant.

Mademoiselle Berthier raconta d’abord à M. de Martry la scène qui s’était passée chez Me Duchemin, mais sans une expression de regret pour cette fortune envolée. Elle arriva ensuite aux circonstances diverses qui avaient précédé son abandon volontaire dans les bras de Paul du Longpré.

Elle se garda bien, par exemple, d’expliquer à son confident comment elle avait appris, avant de se rencontrer à bord de l’Espérance avec le créole, qu’il avait cent mille livres de rente, et comment aussi elle avait provoqué cette rencontre.

L’accent de mademoiselle Berthier s’était fait si tendre à certains épisodes de son récit que son auditeur en avait été tout étonné. M. de Martry ne reconnaissait plus la maîtresse impérieuse et fière de Richard, la femme dont la puissance sur elle-même était si grande qu’il l’avait vue ordon-