Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/109

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nant à son cœur et à ses sens de vingt ans de se taire, pour être tout entière à l’ambition. Il pressentait à cette aventure un côté mystérieux qu’on lui cachait.

—Ainsi, dit-il à Gabrielle, lorsqu’elle eut terminé, vous aimez à ce point M. Paul du Longpré ?

— Je l’aime, répondit la jeune fille, comme je n’ai jamais aimé, comme on aime l’espérance.

— Et quelle est la position sociale de ce grand amour-là ?

— Je l’ignore ; cependant, je crois que M. du Longpré a quelque fortune. Je vous ai dit que, sans autre parent qu’un oncle qui habite Paris, il vient vivre auprès de cet oncle.

— Vous n’en savez pas davantage ?

— Non !

— Prenez garde d’avoir été la dupe de quelque aventurier.

— Je n’ai rien de semblable à craindre !

Malgré tout son talent de comédienne, Gabrielle n’avait pu s’empêcher de prononcer cette phrase d’un ton si ferme que l’ancien officier de marine le remarqua.

Décidément on ne lui avait pas tout dit. Il en était de plus en plus convaincu.