Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/114

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En s’exprimant ainsi, la jeune fille avait pris dans son fauteuil une de ces poses charmantes dont elle connaissait toute la séduction, et sa voix s’était faite ironique et mordante.

— Comment l’entendez-vous ? demanda M. de Martry assez embarrassé.

— Sans doute, poursuivit mademoiselle Berthier. Il y a quatre ans que nous nous connaissons, et jamais vous ne m’avez adressé un reproche. Mes aventures vous amusaient ; vous admiriez mes hardiesses et mes excentricités ; mes triomphes me valaient même, de votre part, quelques applaudissements. Tout Paris vous a vu dans ma loge et nous a rencontrés ensemble au bois, à cheval. Vous m’avez souvent offert le bras pour me rendre chez mon amant. Vous avez tout fait pour me séparer de cet amant, bien que vous n’ignoriez pas que nulle position honorable ne m’était possible, bien que vous sachiez que, si je quittais Richard, ce ne pouvait être que pour passer dans les bras d’un autre. Vous vous êtes enfin avoué hautement mon ami et mon protecteur désintéressé, ce dont j’étais fière ; mais aujourd’hui qu’il s’agit pour moi de monter, vous invoquez, pour ne pas m’y aider, cet honneur qui vous gênait si peu lorsque vous m’escortiez pour descendre.