Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/120

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belle saison serait venue, ils courraient ensemble, à cheval, les environs de Paris.

Mademoiselle Berthier approuva tout ce plan charmant, mais elle ajouta :

— Nous fuirons la foule, le bruit, les endroits trop fréquentés. Je veux être toujours seule avec toi ; je ne veux pas que notre amour soit un spectacle pour les curieux ; je ne veux pas qu’on me porte envie ! De plus, il ne faut pas qu’on puisse dire, lorsque tu me donneras ton nom : M. du Longpré a épousé sa maîtresse.

— Oh ! pas ce mot, Gabrielle, je t’en prie, interrompit Paul avec un baiser ; depuis le jour où, devant la mort, tu t’es donnée si spontanément à moi, tu es ma femme bien-aimée.

— Je ne suis que ta maîtresse, Paul, redit la jeune fille avec un accent de tendresse infinie, et je n’en ressens aucune honte, je te le jure ; mais par respect pour le nom que je dois porter un jour, je ne veux pas que les autres puissent m’appeler ainsi.

Lorsqu’il s’éloigna de la rue de l’Est après cette première visite, ne sachant pas ce qu’il devait admirer davantage du tact, de la délicatesse ou de la beauté de Gabrielle, Paul était plus enivré que jamais.