Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/121

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Dès les jours suivants, M. du Longpré commença sa vie en partie double. Il donnait ses matinées à son oncle, qui voulait absolument faire de lui son associé ; il consacrait une partie de ses après-midi à Blanche, qui, toute fière d’être Parisienne, n’était jamais plus heureuse que lorsqu’elle promenait son cousin des colonies. C’est ainsi que la gracieuse enfant parlait de ses sorties avec Paul. Puis, une fois par semaine, l’amant de Gabrielle réunissait chez lui les jeunes gens que son oncle lui avaient présentés.

Car M. Armand de Longpré, comprenant qu’il ne pouvait condamner un homme de l’âge de Paul à la compagnie constante d’un vieillard et d’une fillette de dix ans, avait fait disposer, dans une des ailes de son hôtel, un appartement complet et fort élégant, où le créole était tout à fait chez lui.

Moins de quarante-huit heures après son arrivée, son oncle l’avait conduit dans les écuries et les remises, où, après lui avoir fait admirer trois superbes bêtes, deux d’attelage et une de selle, un coupé et une victoria, il lui avait dit :

— Mon cher Paul, tout cela t’appartient ; c’est mon cadeau de bienvenue. Si je n’y ajoute pas la clef de ma caisse, c’est que tu es aussi riche que moi.