Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/139

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avaient constaté en lui la plus triste des transformations.

Sans qu’on pût en comprendre la cause, il avait abandonné subitement la grande peinture, pour ne plus faire que des petits tableaux de genre assez bien étudiés, mais absolument insignifiants au point de vue de l’art. Seulement, ces tableaux-là se vendaient fort bien. C’était tout ce qu’il fallait pour les salons criards des enrichis de la veille, qui les payaient en beaux billets de banque. Richard n’en demandait pas davantage. Il lui fallait de l’argent, beaucoup d’argent.

Quelques amis désintéressés, par conséquent sincères, avaient cependant tenté de ramener le peintre dans une meilleure voie. M. de Martry, entre autres, s’était efforcé de lui faire comprendre qu’il allait à sa perte s’il ne s’arrêtait sur la pente où le faisaient glisser sa facilité et le mauvais goût de ses clients.

Malheureusement ces sages conseils étaient venus trop tard ; Richard les avait reçus au moment où il était entraîné par le succès que le public ignorant et débauché faisait, ainsi qu’aux livres pimentés, à ses tableaux licencieux, et paralysé par l’amour fatal de Gabrielle Berthier.

Sa passion pour elle tenait du délire. La char-