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meresse l’avait pris par l’orgueil, l’imagination et les sens. Il lui avait tout sacrifié : son temps, ce dont il avait pu disposer de sa fortune, l’art même. Puis, un jour, subitement, Gabrielle avait disparu. Nous savons que le désespoir avait manqué lui enlever la raison.

Revenu à la santé depuis quatre mois, Richard avait repris ses pinceaux, mais sans ardeur, plutôt pour occuper ses journées qui lui semblaient interminables.

Les meilleures étaient celles où le commandant venait fumer un cigare auprès de lui ; car, bien que M. de Martry le raillât impitoyablement à propos de ses anciennes amours, c’était encore causer de l’infidèle. De plus, il espérait que l’ex-officier de marine recevrait un jour des nouvelles de Gabrielle et lui en ferait part.

Il était donc sincèrement reconnaissant à son ami de rendre ses visites plus fréquentes, surtout depuis un mois ; et peu à peu, il en était arrivé à accueillir avec moins de mauvaise humeur ses conseils et ses plaisanteries.

Nous avons dit qu’au moment où nous arrivions dans l’atelier de Richard Berney, M. de Martry s’y trouvait.

Le jeune peintre était à son chevalet ; le com-