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Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/143

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— Celui de Gabrielle ? dit l’artiste qui n’avait pu s’empêcher de sourire pendant la tirade philosophique de M. de Martry, mais dont le visage était redevenu subitement sérieux à ses dernières paroles.

— Eh oui ! celui de Gabrielle, répéta le commandant. Ne finiras-tu pas de prendre un air mélodramatique lorsqu’on te rappellera mademoiselle Berthier ?

— Je n’achèverai jamais ce portrait !

— Tant pis, c’est ta meilleure ou plutôt ta seule œuvre depuis trois ans. Pourquoi ne pas la finir ?

— Parce que je veux éloigner de mes yeux comme de mon souvenir celle qui m’a servi de modèle.

En disant ces mots, Richard s’était levé, et, tout en arpentant à grands pas son atelier, il jetait des regards furieux sur le tableau qu’il avait brusquement dépouillé du voile noir dont il était toujours couvert.

— Oh ! si tu en es là avec Gabrielle, je t’en fais mon compliment sincère, fit le commandant.

— Mais, sans doute, j’en suis là : au mépris et à l’oubli, répondit le peintre en s’animant de plus