Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/199

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niers mots de Gabrielle, il était à ses côtés, et c’est en saisissant brusquement ses mains dans les siennes, qu’il lui avait dit avec autant d’amour que de colère :

— Alors, vous allez partir ?

— Pour toujours ! répondit-elle.

— Et cet homme ?

— Je ne le reverrai pas ; mais lui, il ne connaîtra jamais sa fille !

— Et dire, reprit le peintre, en abandonnant les mains de la jeune femme et en se laissant tomber sur un siége, qu’il y a déjà plus d’un an, vous étiez là, comme aujourd’hui, et que je vous aimais tant ! Aucun détail de cette dernière année n’est sorti ni de ma mémoire ni de mon cœur. Oui, vous étiez belle, ainsi que vous l’êtes toujours. Au son seul de votre voix, j’éprouve les mêmes émotions enivrantes ; sous votre regard, je sens le même délire ! Je vous retrouve avec votre toute-puissance. N’ai-je donc fait qu’un épouvantable rêve ? Est-ce donc seulement en songe que j’ai si cruellement souffert ? Ne m’avez-vous jamais abandonné ? Est-ce qu’il y a vraiment un an que vous êtes partie ?

C’était à lui-même plutôt encore qu’à la jeune femme que le malheureux parlait ainsi.