Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/198

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m’abandonne aujourd’hui, parce que cette même liaison n’est plus un secret pour lui.

— Ainsi, c’est à cause de moi que vous êtes pauvre, c’est à cause de moi que…

— Oh ! je ne vous fais aucun reproche. Bien au contraire, je viens implorer votre pardon.

— Mon pardon ?

— Oui, me le refuserez-vous, Richard ?

Il serait impossible de rendre l’adorable accent de prière avec lequel mademoiselle Berthier avait prononcé ces paroles. C’était tout à la fois de la résignation et un appel aux souvenirs du passé. Une larme brillait à travers les longs cils qui voilaient ses grands yeux à demi fermés ; ses lèvres, entr’ouvertes comme par un sanglot, laissaient voir ses dents de perles ; une des boucles de son admirable chevelure retombait sur sa poitrine, dont l’émotion soulevait les orgueilleux contours. Tout, en elle, était charme et séductions.

Richard ne la quittait pas du regard ; l’expression égarée de son visage disait l’horrible combat que se livraient en son cœur mille sentiments divers. À chacune des phrases de l’enivrante créature, il avait fait un pas vers elle, subissant, ainsi que le malheureux en proie au vertige sur le bord de l’abîme, une irrésistible attraction. Aux der-