Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/219

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Ce fut seulement ensuite qu’elle pensa à sa fille et alla la voir.

Jeanne, on le conçoit, n’embrassa que du bout des lèvres, et même avec une certaine terreur, cette grande et belle dame qu’elle ne reconnaissait pas et que madame Brétigny lui avait recommandé d’appeler maman ; et quant à mademoiselle Berthier, pour qui cette fillette ne représentait qu’une spéculation matrimoniale avortée, elle ne sentit pas un instant s’éveiller en son sein les enivrantes émotions de l’amour maternel.

Sa visite dura un quart d’heure à peine, et elle se trouvait sur le pas de la porte de l’institution, où elle faisait à madame Brétigny, qui tenait Jeanne par la main, quelques recommandations banales, où certes le cœur n’était pour rien, lorsque tout à coup elle aperçut à quelques pas d’elle un cavalier qui venait d’arrêter brusquement sa monture. Elle reconnut M. du Longpré.

Une étrange pensée lui traversa sans doute immédiatement l’esprit, car, attirant à elle sa fille, elle fit face à son ancien amant, comme pour lui permettre de ne pas douter de leur identité à toutes deux, et au lieu de s’éloigner, ainsi qu’elle était sur le point de le faire, elle rentra dans la cour de la pension et dit à madame Brétigny :