Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/221

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

chait celle qui avait été si cruellement enlevée à son affection.

Le lendemain matin, madame Brétigny ne manqua pas d’envoyer Jeanne à sa mère. Elle avait fait conduire la fillette par une de ses sous-maîtresses, mademoiselle Bernardin, vieille fille de trente-cinq à quarante ans, dont le teint jaune, le visage émacié et les lèvres pincées disaient toutes les tortures morales qu’elle devait à sa situation subalterne.

Mademoiselle Berthier jugea sans doute du premier coup d’œil que c’était bien là l’auxiliaire qu’elle désirait pour l’exécution de son projet, car, laissant Jeanne dans son salon en compagnie de journaux à images, elle emmena la sous-maîtresse dans sa chambre à coucher et lui dit, après lui avoir offert gracieusement un siége :

— Mademoiselle, vous pouvez me rendre un grand service, dont je vous témoignerai toute ma reconnaissance.

— Je suis à vos ordres, madame, répondit avec empressement mademoiselle Bernardin.

— Voici ce dont il s’agit. J’ai toute confiance dans madame Brétigny, mais je préfère m’adresser à vous. Je désire être tenue au courant tous les mois, tous les quinze jours, si c’est nécessaire,