Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/226

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Flandre, il l’y conduisit, et rien ne saurait exprimer la joie qu’éprouva Paul à introduire sa fille dans cette maison d’où elle était exclue par l’odieuse combinaison de sa mère.

Puis il fit faire le portrait de Jeanne, qu’il suspendit d’abord timidement dans sa chambre à coucher, mais dont un second exemplaire se trouva bientôt placé dans un cadre de velours rouge, devant lui, sur son bureau.

M. du Longpré avait, du reste, le droit d’être fier de sa fille : c’était la plus ravissante enfant qu’il fût possible de voir. Elle avait, de plus, un charme inappréciable pour lui : c’est que sa beauté ne rappelait en rien celle de sa mère.

Jeanne avait pris à son père son teint chaud, ses cheveux noirs et ses grands yeux bruns d’une inexprimable douceur. Ses cils étaient si longs que leur frange d’ébène se redressait à ses extrémités, comme pour ne pas voiler ses regards naïfs. Sa mignonne bouche, aux lèvres de corail, était un nid de sourires, et ses petits bras se faisaient chaîne de fer lorsque, dans un élan spontané, elle se jetait au cou de son ami, dont l’arrivée lui causait toujours une espèce de spasme nerveux qui se traduisait par une pâleur subite.

La première fois que Blanche aperçut cet ado-