Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/242

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selle Berthier ne voulût ou ne pût pas le recevoir, et il hésitait à lui faire passer sa carte, lorsqu’il s’entendit appeler par Gabrielle elle-même.

De la salle à manger, dont les portes étaient ouvertes et où elle donnait des ordres à son tapissier, elle avait reconnu le commandant, était venue au-devant de lui et lui disait avec sa gracieuseté d’autrefois :

— Quelle bonne fortune vous amène, mon cher Martry ? Quels que soient les motifs de votre visite, j’ai le plus grand plaisir à vous voir.

Mademoiselle Berthier était à peine changée. Peut-être était-elle encore plus belle que l’ancien officier de marine ne l’avait jamais vue. Les années avaient passé sur elle sans l’effleurer. Sa taille était la même ; son buste avait conservé l’aristocratique richesse de ses merveilleux contours. On n’aurait pu découvrir la moindre esquisse de rides sur son front ; ses grands yeux avaient toujours les mêmes éclairs, et ses lèvres de pourpre le même sourire.

Elle avait introduit son visiteur dans un des salons du rez-de-chaussée, et M. de Martry avait profité de ces quelques secondes de répit pour se remettre un peu de cette réception amicale, à laquelle il eût infiniment préféré un accueil plus