Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/254

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nifestant, dans ses moindres actes, son horreur du commun et du vulgaire.

Il venait de s’ouvrir à Paris une école de grossièreté. Quelques gentilshommes, blasés des respects dont ils étaient l’objet dans la vie de famille, trouvaient un plaisir épicé à entendre des filles de bas étage leur lancer, même en public, les épithètes les plus outrageantes. Ils en riaient et les excitaient à ces abjections. Cette école faisait de nombreux prosélytes. Certains fils d’enrichis, affamés de bruit et de scandale, marchaient fièrement sur les traces de leurs maîtres, sans réfléchir que ce qui glissait sur les blasons sans tache de ceux-là s’accrochait aux angles roturiers de leurs noms à eux.

Mademoiselle Berthier trouvait cela odieux et voulait réagir contre ces mœurs de barrière. On s’en aperçut moins de huit jours après sa rentrée à Paris. Chez elle, tout se passait avec le plus grand air, rien n’y trahissait les origines : ses domestiques étaient silencieux et polis, nul nom ne les faisait sourire ; sa femme de chambre, même en la décoiffant le soir, lui parlait à la troisième personne, et ses amis les plus intimes n’auraient osé, devant elle, se tenir moins bien que dans leur salon.