Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/321

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rait de la chambre à coucher de Gabrielle, en ouvrit brusquement la porte et la ferma au verrou derrière lui.

Mademoiselle Berthier, déjà habillée, prête à sortir, était assise devant un petit meuble de Boule où elle rangeait des papiers.

Elle se retourna au bruit et, reconnaissant Richard, glissa rapidement dans son corsage un large pli cacheté ; puis, un peu pâle, mais d’une voix ferme :

— Comment, c’est toi ! lui dit-elle.

— C’est moi ! répondit le peintre en s’adossant à la porte, et il est inutile que tu caches ce papier que tu viens de mettre dans ta robe, car c’est ce papier que je veux.

— Que tu veux ? fit ironiquement la jeune femme.

— Oui, que je veux, répéta M. Berney, parce que c’est l’acte de reconnaissance de Jeanne, que j’ai eu la lâcheté de signer, et que je sais à qui tu le porterais si je le laissais en ta possession.

— Ah ! Martry m’a trahie !

— Que ce soit par le commandant ou par un autre, je connais tes projets ! Tu ne deviendras pas madame du Longpré, je te le jure. Crois-tu donc que j’aurais souffert douze années de honte