Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

M. du Longpré était là depuis plus d’une demi-heure, évoquant en face de cette terre maudite les grands souvenirs de l’épopée impériale, et il se demandait s’il existait vraiment quelque infortune humaine comparable à celle de l’homme qui, descendu et non tombé de la toute-puissance, s’était éteint loin de ceux qu’il aimait, quand il entendit prononcer son nom par une voix qui le fit tressaillir. Il se retourna.

Gabrielle n’était qu’à quelques pas de lui. À sa vue, il ne put retenir un mouvement d’admiration.

Sachant que ceux des excursionnistes auxquels cela conviendrait pourraient se rendre à Longwood à cheval, et parfaite écuyère, mademoiselle Berthier avait saisi avec empressement cette bonne fortune de se donner un plaisir dont elle était privée depuis si longtemps ; et elle portait un sévère costume d’amazone qui faisait admirablement valoir l’élégance et la richesse de sa taille. Jamais sa beauté n’avait brillé d’un tel éclat.

Paul en fut à ce point ébloui qu’il hésita à venir à elle. Ce fut la jeune fille qui, la première, lui tendit la main, et fort heureusement pour M. du Longpré que les autres touristes arrivèrent au même instant, car s’il avait répondu avec passion