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bourse délier, dans les temples et les pagodes, pour y mutiler les statues, à la plus grande gloire du prosélytisme et surtout pour le plus grand bien de sa collection.

Car le révérend était un collectionneur enragé. Ainsi que bon nombre de ses compatriotes, il ne voyageait pas sans une canne dont la pomme, en forme de marteau, lui servait à briser, là où il le pouvait sans être vu, le morceau de marbre qu’il convoitait.

C’était enfin un de ces Anglais flegmatiques et antipathiques qu’on rencontre partout, — celui qui écrit ces lignes en sait quelque chose, — aussi bien au cap Nord qu’à la terre de Feu, au musée du Louvre qu’à Pompéi, dans les arènes de Pouzzoles qu’au sommet du pic d’Adam, portant en bandoulière une gourde de brandy, qu’ils gardent pour eux seuls, et, dans leurs vastes poches, quantité de petites bibles qu’ils offrent à tout le monde.

On pense aisément combien sir Georges et le clergyman s’accordaient peu. Leurs querelles étaient une des plus grandes distractions de la chambre, surtout lorsqu’ils se provoquaient aux échecs, jeu où ils excellaient tous deux, mais auquel Fitzgerald avait déjà gagné au ré-