Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/46

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La tête nue et la main levée vers une petite maison qui faisait l’angle de la rue, l’officier disait au révérend, en le retenant par le bras :

— C’est là, cher monsieur Robertson, que le 16 octobre 1815, l’empereur Napoléon a passé sa première nuit à Sainte-Hélène.

— Eh bien ! en quoi cela m’intéresse-t-il ? Maison sans style et sans caractère ! répondit d’un ton bourru le clergyman. C’était tout ce qu’on devait à l’ennemi de l’Angleterre. N’aurait-il pas fallu lui offrir un palais ?

Et, se dégageant, il poursuivit seul sa route vers l’hôtel Salomon, où le capitaine Saulnier avait fait préparer un déjeuner pour ses passagers.

Pendant que ceux-ci prenaient place dans une salle à manger, que le propriétaire de l’hôtel avait remplie de souvenirs de l’Empereur, on attelait les voitures et l’on sellait les chevaux des voyageurs.

M. du Longpré, fort bon cavalier comme tous les créoles, avait naturellement retenu pour lui une des montures. Lorsque le moment de partir fut venu, il mit Gabrielle en selle, et, sautant ensuite à cheval, il demanda à la jeune fille l’autorisation de marcher près d’elle.

Mademoiselle Berthier le lui permit, mais seulement avec politesse et sans le sourire gracieux