Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/51

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— Parce que je ne voulais pas entendre ce que vous venez de me dire, ce que vous n’auriez pas dû me dire.

La jeune fille avait prononcé ces derniers mots d’une voix émue, presque douloureuse.

— Ainsi, je vous ai blessée, reprit Paul ; vous ne voulez pas croire à cet amour dont je ne suis plus le maître ?

— Je ne vous dis pas que je ne veux pas y croire, mais je ne dois pas y croire.

— Écoutez-moi, Gabrielle.

— Prenez garde, voici nos compagnons qui nous rejoignent.

La petite troupe, en effet, se rapprochait rapidement.

— N’importe, reprît Paul, je n’ai plus qu’un mot à vous dire !

La jeune fille fit signe qu’elle écoutait.

— Ce que je vous demande en grâce, poursuivit le créole d’une voix fiévreuse, ce n’est pas encore de m’aimer, mais seulement de me permettre de vous répéter que je vous aime. Ce que j’implore de vous, c’est la promesse de ne plus me fuir, de reprendre, au contraire, nos entretiens. Si vous ne pouvez m’accorder cette faveur, je ne vous en voudrai pas, mais je m’en jugerai indigne et, je