Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/56

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tait de la vallée du Tombeau et reprenait son ordre de marche.

Pour rejoindre la grande route, elle dut côtoyer de nouveau le Bol de punch du diable.

La vue du gouffre rappela à M. du Longpré que là, peu d’instants auparavant, il avait dit à Gabrielle qu’il l’aimait, et que la jeune fille lui avait répondu : Poursuivez votre voyage.

Le même souvenir venait sans doute de s’éveiller dans l’esprit de mademoiselle Berthier, car les regards des deux jeunes gens se rencontrèrent, l’un tendre et reconnaissant, l’autre dominateur et brillant d’orgueil.

Une heure plus tard, les excursionnistes étaient réunis une seconde fois dans la salle à manger de l’hôtel Salomon, où le capitaine Saulnier les attendait pour les reconduire à son bord.

Au moment où l’embarcation accostait le trois-mâts, mademoiselle Berthier pria Paul de l’aider à en gravir l’échelle, et elle lui saisit la main avec une telle force qu’on eût dit que, pour jamais, Gabrielle rivait à elle celui qui l’adorait comme un fanatique.

Le soir même L’Espérance reprit la mer.

Le lendemain, au lever du soleil, le trois-mâts était seul de nouveau sur l’immensité.