Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/64

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M. du Longpré obéit et remarqua, en prenant la main que la jeune fille lui tendait, que cette main était brûlante et que ses yeux étaient rougis par les larmes.

— Vous avez pleuré ? lui demanda-t-il tout ému.

— Oui, répondit-elle simplement, mais écoutez-moi, sans m’interrompre. Je vous dois une explication, je vais vous la donner. Oh ! ne croyez pas que je veux me défendre et m’excuser du mouvement qui m’a entraînée vers vous hier. Je ne m’en repens pas ; c’est justement pour cela que je dois tout vous dire. Vous m’aimez, Paul, et moi peut-être aussi je vous aime ; mais comme je ne puis être votre femme, je viens vous supplier d’avoir pitié de ma faiblesse.

— Comment ! vous ne pouvez être ma femme ? s’écria douloureusement le créole.

— Je vous en conjure, poursuivit Gabrielle, pas un mot de plus à ce sujet. Tout ce que je puis vous dire, c’est que mon cœur n’a jamais battu qu’auprès du vôtre, mais une fatalité implacable nous sépare. Ni vos efforts, ni les miens ne pourraient rompre la barrière infranchissable qui s’élève entre nous. Cela est ainsi, et maintenant, Paul, que vous me connaissez tout entière,