Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/65

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protégez-moi contre moi-même, soyez fort pour deux. C’est à votre loyauté, à votre amour que j’en appelle pour me défendre, parce que j’ai peur que ma force et mon courage ne me suffisent plus.

Il serait impossible de rendre avec quel charme, quelle expression de chaste abandon mademoiselle Berthier avait prononcé ces derniers mots.

Enivré, mais rempli de respect, Paul n’osait serrer la main que la jeune fille avait laissée dans la sienne. Il ne savait que dire ; il restait immobile et muet, contemplant avec admiration cette femme qui lui semblait l’expression la plus complète du beau et du bien.

— Ne voulez-vous pas céder à ma prière ? poursuivit-elle de sa voix la plus tendre. Ai-je donc eu tort de faire appel à votre générosité ? M’allez-vous forcer de vous fuir de nouveau ?

— Non, Gabrielle, non ! répondit vivement M. du Longpré en revenant à lui à cette menace ; vous m’aimez, c’est plus que je n’en demandais à Dieu. Vous avez confiance en moi ; je serai digne de vous. N’engageons pas cet avenir que je veux toujours entrevoir ; mais, en l’attendant, je ne serai pour vous qu’un frère, le frère le plus tendre, le plus dévoué, le plus respectueux.