Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/67

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ils doublaient les bras des vergues, allongeaient les chaînes des paratonnerres et garnissaient les pompes.

Les domestiques fermaient solidement les sabords et les claires-voies de la dunette.

Cependant la mer était encore assez belle, la vague mettant toujours un temps relativement long pour se former dans le grand Océan, surtout dans les parages où se trouvait le clipper ; mais le vent était déjà si violent qu’il enlevait à la crête des lames une véritable pluie, qui, passant par-dessus les bastingages, fouettait au visage.

L’horizon s’était rapproché ; sous les gros nuages noirs et jaunes qui obscurcissaient le ciel, couraient avec une rapidité vertigineuse et parfois s’entr’ouvraient zébrés par des éclairs sinistres, les flots moutonnés semblaient un immense lac de neige.

Les albatros et les damiers en rasaient les sommets mouvants.

Ce n’était pas encore la tempête, mais, pour un marin, il n’y avait pas à s’y méprendre, c’étaient bien ses avant-coureurs, le prélude de son gigantesque concert.

Après avoir gravi à moitié l’échelle de la dunette, Paul s’était accoudé sur la lisse. Il était là