Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/7

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rendu son âme à Dieu, et son testament ouvert devant la famille assemblée, le notaire y avait lu, avec stupéfaction et au désespoir de ceux qui croyaient bien hériter, que le défunt laissait toute sa fortune, plus de douze cent mille francs, à une de ses sœurs, madame Berthier, qui habitait la France et dont lui, Me Duchemin, n’avait jamais entendu parler.

Les parents de M. Morin lui apprirent que cette dame Berthier avait quitté la colonie alors qu’elle avait dix-huit ans à peine, qu’elle demeurait probablement à Paris, et que, pour les raisons les plus graves, ses parents avaient rompu avec elle depuis longtemps.

Un déshérité moins discret que les autres laissa comprendre au notaire que la sœur de M. Morin s’était fait enlever par un officier de marine, et que les nouvelles qu’on avait reçues d’elle à Bourbon depuis son départ n’avaient pas été de nature à faire excuser sa première faute.

On ignorait si son frère était resté en correspondance avec elle ; on ne le pensait pas. On ne pouvait alors s’expliquer qu’il l’eût nommée sa légataire universelle que par un de ces accès de bizarrerie dont il avait parfois donné des preuves dans les derniers temps de sa vie. Quoi qu’il en fût et