Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/75

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des officiers, les plaintes de la mâture qui menaçait de se rompre à chaque coup de tangage, les grincements des chaînes du gouvernail, auprès duquel les deux hommes de barre étaient solidement attachés, çà et là le juron ou la plaisanterie d’un matelot, puis le sifflement du vent dans les poulies, sifflement sinistre qui mêlait sa note ironique au fracas des éléments déchaînés.

La pluie tombait à torrents ; tous les passagers avaient disparu depuis longtemps. Seuls, mademoiselle Berthier et du Longpré étaient restés dehors, abrités sous le manteau de la dunette.

Ils n’échangeaient pas une parole ; de temps en temps seulement, lorsque la foudre déchirait la nue, Gabrielle, tressaillant d’admiration et non de peur, serrait plus fortement le bras de Paul qui la soutenait.

Mais vers minuit la place ne fut plus tenable. La lame arrachait mille objets divers que le tangage lançait comme des projectiles dans toutes les directions. M. du Longpré fit comprendre à sa compagne qu’il était plus sage de rentrer dans la dunette.

Elle y consentit. Profitant alors d’un mouvement favorable du clipper, Paul ouvrit la porte et entraîna mademoiselle Berthier dans le couloir.