Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/76

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La nuit y était profonde, car la lampe de la chambre s’était éteinte dans un coup de roulis. Les gémissements des cloisons rendaient l’obscurité plus lugubre encore.

La jeune fille et le créole marchèrent à tâtons jusqu’à la cabine de l’arrière, où Gabrielle tomba sur le large divan qui en garnissait un des côtés.

Paul s’était agenouillé devant elle, et seuls ainsi, tous deux, ils oubliaient la tempête, ses colères, le danger qui les menaçait.

Rappelée subitement à elle par les lueurs d’un éclair d’une telle intensité que les moindres détails de la chambre avaient apparu comme en plein jour, mademoiselle Berthier se releva vivement en murmurant :

— Où suis-je ? chez vous ! Oh ! c’est mal, Paul ; laissez-moi !

Jamais Gabrielle n’avait été plus belle !

Ses admirables cheveux, dénoués, tombaient sur ses épaules demi-nues ; son corsage, déchiré par un des brusques mouvements qu’elle avait dû faire pour garder l’équilibre, découvrait mille trésors ; sa robe de mousseline, collée sur elle par la pluie, dessinait la richesse de ses formes ; ses yeux brillaient d’un éclat étrange ; sa bouche s’en-