Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/77

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tr’ouvrait sensuelle et semblait appeler le baiser.

Paul, fou d’amour, toujours à genoux, la retenait par la taille pour l’empêcher de fuir.

Tout à coup un horrible craquement se fit entendre ; un cri d’épouvante lui répondit ; le pont de la dunette retentit comme s’il était frappé par quelque gigantesque bélier ; la mer, défonçant les cloisons de la chambre, s’y précipita en flots tumultueux, et le clipper trembla jusque dans ses œuvres vives.

On eût dit que l’abîme venait de se creuser sous lui pour l’engloutir.

— C’est la mort ! n’est-ce pas, ami ? s’écria Gabrielle. Ah ! qu’elle soit la bienvenue, puisqu’elle nous unit.

Et se laissant tomber dans les bras du créole, elle lui offrit ses lèvres humides en répétant :

— Je t’aime ! je t’aime !

La foudre venait de briser le mât d’artimon du navire, et la mer, en arrachant son gouvernail, l’avait livré sans défense aux vagues furieuses, qui, le prenant par le travers, le couchaient sur un de ses flancs.

À moins d’un miracle, l’Espérance était perdue !