Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/91

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Pour la première fois alors, en songeant que ce frère laissait un fils dont quatre mille lieues le séparaient, il pensa qu’un jour Blanche aussi serait seule, sans appui, et il résolut dès ce moment d’appeler son neveu à Paris.

Il savait par la lettre de Me Duchemin que Paul, malgré sa jeunesse, était un homme sérieux sur lequel il pouvait compter, et il avait chargé le notaire de Saint-Denis de cette négociation dont l’honorable tabellion, on s’en souvient, s’était mieux tiré que de la liquidation de M. Morin.

On comprend donc avec quelle impatience le créole était attendu par son oncle et par Blanche elle-même.

Un cousin des colonies ! C’était pour la fille de M. du Longpré un personnage presque mystérieux, qui ne pouvait ressembler à aucun des jeunes hommes qu’elle apercevait chez son père. Aussi n’avait-elle voulu laisser à personne le soin de préparer son appartement.

Sans madame Dormeuil, qui sut y mettre bon ordre, l’enfant eût encombré la demeure de Paul de tant de fleurs, d’un si grand nombre de choses inutiles, que l’hôte de M. Armand n’aurait jamais pu s’y retrouver.

Le plaisir de Blanche, à la gare, ne fut donc