Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/10

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rite de la franchise, et les choses en étaient là, quand un soir qu’elle était sans nouvelles de Jean depuis plusieurs semaines, elle accourut cependant au bal plus sémillante, plus coquette que jamais.

— Eh bien lui dit à demi-voix, en l’arrêtant au passage, Albert Rommier qui la guettait, est-ce pour bientôt ? Vous savez que je vous adore de plus en plus !

Rose n’eut pas le temps de répondre, car elle aperçut au même instant son fiancé qui entrait dans la salle avec son ami Durest.

Craignant d’être accusée de légèreté, elle s’élança vers eux.

— Ah tu ne m’attendais guère ? observa Mourel, en la prenant par le bras pour l’entraîner à l’écart.

— Dame c’est un peu de votre faute ! fit-elle, toute rougissante, voilà plus de quinze jours que vous ne m’avez écrit !

— Je préférais t’apporter moi-même la grande nouvelle.

— La grande nouvelle ?

— Oui. Te souviens-tu de ta promesse : « Lorsque vous aurez seulement cinq mille francs d’économies pour entrer en ménage, nous irons devant monsieur le maire. » Eh bien regarde, les voilà, les cinq mille francs, et mieux encore !

Le jeune homme avait tiré de sa poche un portefeuille et, l’entr’ouvrant, il fit voir une liasse de billets de banque de mille francs. Il y en avait dix au moins.

Rosette ne pouvait en croire ses yeux.

Tout ça, répétait-elle, tout ça est à nous ! Comment avez-vous gagné une telle fortune en si peu de temps ? Il y a un an à peine que vous travaillez à Paris.