Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/11

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– Ah ! c’est que là-bas on paie autrement qu’en province !

Jean la conduisit doucement vers la porte de sortie.

— Nous quittons le bal ? demanda-t-elle, en s’apercevant de la direction qu’elle avait prise. Nous partons sans même faire un tour de valse !

Le graveur hésita un moment, puis, ne voulant pas sans doute laisser supposer qu’il serait jamais un despote, il répondit :

— Tu as raison mais c’est la dernière fois que Mlle Lasseguet vient à la salle Besnard. Désormais ce sera Mme Mourel qui dansera ici avec son mari et ses amis, seulement ses amis !

Et, la saisissant par la taille, il s’élança avec elle au milieu des groupes que l’orchestre faisait tourner en exécutant, à tour de bras et de tous ses poumons, le Beau Danube bleu.

Une heure plus tard, ils quittaient le bal, flanqués de l’inséparable Durest, et Mourel, en reconduisant Rose, lui expliqua qu’il avait inventé, pour illustrer les livres, un procédé de gravure qui lui rapportait beaucoup d’argent.

— Alors nous quitterons Reims ? interrogea la modiste avec une certaine inquiétude.

— Non, pas tout de suite, répondit Jean, mais j’irai à Paris tous les quinze jours ou tous les mois pour prendre mes commandes, que j’exécuterai près de toi. Plus tard, nous verrons. Demain, je viendrai demander ta main à ta tante, et tu iras prendre congé de la maîtresse de ton magasin.

— Comment, je ne ferai plus rien ?

— Tu ne travailleras plus que pour toi et pour moi.