Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/152

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l’avait pas étonné — il savait la puissance d’assimilation dont la nature a doué toutes les filles d’Eve — il n’en avait pas moins éprouvé une sorte d’éblouissement. Il en fit part à sa mère lorsqu’il alla lui rendre visite, rue de Prony.

— Oh ! moi, cela ne m’étonne pas, répondit avec orgueil l’ancienne maîtresse d’Adolphe Berquelier. Claude était née pour la situation que nous lui avons donnée, et pourvu que le duc reste fidèle à sa promesse d’être un homme sérieux, nous n’aurons jamais qu’à nous applaudir, vous et moi, d’avoir fait ce mariage-la. Les sacrifices que je me suis imposés ne me pèsent pas. Que je sache ma fille heureuse ; que, de temps en temps, elle vienne passer quelques heures à Verneuil, je n’en demande pas davantage.

Geneviève avait, en effet, réglé sa vie de façon que M. de Blangy-Portal n’eût pas l’ombre d’un reproche à lui faire. Elle n’allait plus dans aucun des endroits publics, expositions, fêtes de charité, ventes curieuses, premières représentations, où elle aurait pu rencontrer sa fille. Ou elle se confinait dans son hôtel en compagnie de vieux amis qui lui restaient dévoués, tels que Guerrard, ou elle passait des semaines entières à la campagne.

Lorsqu’elle était à Paris, si elle allait au Bois, elle s’y promenait, blottie au fond de son coupé, dans les allées les moins fréquentées, rapportant du bonheur pour tout un jour quand elle avait aperçu Claude dans sa grande calèche aux panneaux armoriés, et qu’à l’insu de tous, elles avaient échangé un sourire et, du geste, un baiser.

Mme  Frémerol avait, de plus, de fréquentes nou-