Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/153

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velles de sa fille, soit par les lettres que celle-ci lui adressait deux ou trois fois par semaine et mettait elle-même à la poste, soit par Guerrard, qui, malgré ses occupations, restait rarement plus de quarante-huit heures sans passer quelques instants rue de Lille, où il ne voyait pas toujours la jeune femme, car, le plus souvent, il y venait d’assez bonne heure, mais où il apprenait du moins par Robert ou Germain que tout allait bien dans la maison, qu’on y était gai, heureux, en bonne santé.

Les choses duraient ainsi depuis plusieurs mois, lorsqu’un matin le duc dit a son ami que Claude était enceinte, mais comme il lui avait annoncé cet événement sans manifester une joie bien vive, Paul lui demanda :

— Tu me dis cela sur un singulier ton ! Est-ce que la perspective d’être père une seconde fois te contrarie ?

— Non pas, non pas, fit vivement M. de Blangy-Portal, mais j’aurais préféré que le fait ne se produisît que plus tard.

— Pourquoi donc ?

— Pour une foule de raisons. D’abord la duchesse est si jeune qu’une couche peut nuire à sa santé ; ensuite, si elle me donne un fils, je crains que Gontran n’en éprouve une certaine jalousie. Je ne me dissimule pas qu’il n’aime que médiocrement sa belle-mère.

— La naissance d’un frère n’empêchera pas Gontran de porter seul le nom de Blangy-Portal, puisque, dans ta maison, le second des enfants mâles est titré comte de Meursant.