Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/154

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— Oui, mais il arrivera que, chez moi, l’aîné n’aura qu’une fortune médiocre, tandis que son frère sera dix fois millionnaire.

— Sapristi ! tu vois les choses d’un peu loin ! Si tu as une fille, il en sera exactement de même sous le rapport de l’argent. Tu es marié sous le régime de la communauté, fais des économies. La duchesse ne te demandera certes jamais de comptes. Par conséquent, dans quinze ans, ton fils aîné sera, si tu le veux, aussi riche que tous les frères ou sœurs que tu pourras lui donner.

— Ceux-là auront toujours le gros héritage de Mme  Frémerol.

— Qui n’est pas le moins du monde disposée à mourir, je te le certifie ! Je l’ai encore vue hier, elle est plus jeune que jamais. Tu ne pouvais cependant priver ta femme des joies de la maternité dans le but unique de faire de Gontran son légataire universel.

— C’est vrai. Enfin, qui vivra verra ! Et toi ? Tu entres ici en courant et ne viens plus jamais nous demander à déjeuner ou à dîner.

— Mon cher ami, je suis redevenu un homme sérieux ; il faut que je répare le temps perdu, puisque je n’ai pas eu comme toi la bonne fortune d’épouser des millions.

— Alors, tu t’y refais, à la médecine, là, vraiment ?

— Je ne te dirai pas que j’ai le feu sacré, mais il s’allumera peut-être. En attendant, je travaille ferme pour me mettre au courant des progrès que la science a faits depuis le jour où je l’ai désertée.

— Sais-tu que c’est superbe, notre conversion ?

— La tienne est-elle bien sincère ?