Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/180

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Les portes de son hôtel ne s’ouvrirent plus que pour des intimes, artistes ou littérateurs célèbres, ou pour quelques vieux financiers, anciens amis d’Adolphe Berquelier, tous gens tranquilles et discrets, qui ressentaient pour la maîtresse de la maison une sincère amitié et ne colportaient pas son nom dans les salons bruyants. De plus, bien qu’elle fût encore jeune et toujours belle, Geneviève semblait avoir dit un éternel adieu à la vie frivole, afin de ne vivre que pour Claude et sa petite-fille.

Elle tenait surtout à se faire oublier, et comme à Paris la mémoire est plus fugitive que partout ailleurs, elle y réussit a ce point que bientôt, sauf pour quelques anciens habitués du Bois, elle y passa tout à fait inaperçue, d’autant mieux qu’elle changea sa livrée et ne sortit plus qu’en coupé de couleur sombre, sans chiffre ni emblèmes sur les panneaux.

Néanmoins, tant que dura la mauvaise saison, Mme  Frémerol et sa fille durent se contenter de correspondre et d’échanger un sourire et un baiser du bout des doigts quand leurs voitures se croisaient, mais aussitôt que les premiers beaux jours arrivèrent, elles parvinrent à passer ensemble quelques instants.

Quand le temps le permettait, Geneviève faisait arrêter son coupé dans le haut de l’allée des Acacias, à feutrée de l’un des petits chemins qui s’en vont sous bois rejoindre ! a route de Madrid. Là, elle mettait pied à terre et s’enfonçait sous la voûte de verdure, où bientôt elle retrouvait Claude. À l’autre extrémité du sentier, la jeune femme avait exécuté la même manœuvre que sa mère, soit seule, soit en compagnie