Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/186

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— J’espère qu’il n’en sera rien. En tout cas, ce qui est fait est fait, et deux cent mille francs, c’est peu de chose.

— Peu de chose ! Me Andral n’est pas de cet avis, j’en suis certain.

— Enfin, pour vous rassurer, je vous promets, dans le cas où Robert reviendrait à la charge, de lui demander quelques explications.

– Et vous ne parlerez pas de cela à votre mère ?

— Non, puisque mon mari m’a priée de me taire.

— Vous êtes la meilleure des épouses, comme vous avez été la plus charmante des jeunes filles et la plus adorable des enfants.

Et, cédant à un mouvement irrésistible, Guerrard saisit et baisa les deux mains de Claude, qui le laissa faire en souriant.

Deux heures après, la duchesse était de retour à Verneuil, et Paul, qui était allé dîner rue Boissy-d’Anglas, y apprenait d’un membre du club, arrivé de Luchon la veille, que M. de Blangy-Portal promenait presque publiquement sa maîtresse, Léa Morton, et qu’en trois ou quatre séances au grand cercle de cette station balnéaire, il avait perdu une somme énorme, plus de 400, 000 francs, disait-on, grâce au crédit en quelque sorte illimité que lui avaient ouvert les prêteurs de l’endroit.

Bien qu’il voulût la croire exagérée, comme le sont d’ordinaire tous les racontars de ce genre-là, cette nouvelle n’en causa pas moins au docteur une profonde et douloureuse peine, et lorsque, rentré chez lui, il se retrouva seul avec ses pensées, il ressentit un indicible effroi.