Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/23

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— Jean est pincé, je le vois bien et vous croyez que je suis son complice. Je vous jure que non, mais je sais beaucoup de choses qui vous intéressent, et, puisqu’il est pris, je suis prêt à vous renseigner. Remarquez que je ne suis pas en état d’arrestation et que c’est de mon propre mouvement que je vous fais cette proposition.

— Ah mon gaillard, vous connaissez votre code pénal. Article 138 : « La personne coupable des crimes mentionnés dans les articles 132 et 139, — faux monnayeurs ou falsificateurs de billets de la Banque de France, — seront exempts de peine si, avant la consommation de ces crimes ou avant toutes poursuites, elles en ont donné connaissance et révélé leurs auteurs aux autorités constituées. » Vous entendez bien, monsieur Charles Durest : « avant toutes poursuites ! »

— C’est vrai, monsieur le commissaire, mais le même article se termine par ces mots : « ou si, même après les poursuites commencées, elles ont procuré l’arrestation des autres coupables. »

— Parfaitement exact. Et puisque nous faisons assaut de savoir, j’ajouterai, toujours pour ne rien oublier de cet intéressant paragraphe 138 : Elles, les personnes qui auront dénoncé, pourront néanmoins être mises, pour la vie ou à temps, sous la surveillance spéciale de la haute police. Mais on ne peut tout demander : c’est déjà fort joli d’échapper au bagne.

C’était évidemment l’opinion du triste personnage, car il approuva d’un vilain sourire, et, quelques minutes plus tard, quand M. Roblot lui annonça qu’il allait être conduit devant le procureur de la Répu-