Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/243

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Rabot avait prononcé ces mots avec son gros rire de paysan sensuel qu’il était toujours.

— Alors je puis faire notre demande ?

— Tu sais bien que je te suivrai partout. À la vie, à la mort ! Ça été mon idée, dès le premier jour, là-bas ! quand on nous a rivés.

Le lendemain, Mourel adressa par la voie hiérarchique, au directeur général du pénitencier de Cayenne, une requête tendant à être envoyé avec Rabot à l’établissement Saint-Laurent, qui, fondé depuis trois ans sur les bords du Maroni, était en pleine prospérité.

Il rappelait modestement les bonnes notes qu’il avait toujours eues, aussi bien pendant son séjour au bagne que depuis son arrivée aux îles du Salut ; les faveurs dont il avait été successivement l’objet, en raison de sa conduite irréprochable, les services qu’il pourrait rendre dans les bureaux ; il disait l’espoir qu’il avait de décider sa femme à venir le rejoindre quand il lui apprendrait qu’il avait un abri convenable à lui offrir, et il donnait Rabot, ce qui était exact d’ailleurs, comme un ouvrier bûcheron de premier ordre.

Car ce n’était pas au hasard que le mari de Rose avait choisi comme future résidence cet établissement de Saint-Laurent ; c’était après avoir soigneusement consulté une carte de la Guyane que, précisément, il avait été chargé de graver pour un ingénieur de la marine en mission hydrographique à Cayenne.

Il avait appris ainsi qu’on exploitait surtout dans ce pénitencier les richesses forestières de la contrée, et que c’était là l’extrême frontière de la colonie du côté