Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/26

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En effet, lorsqu’on l’amena, le jour même, dans le cabinet de M. d’Orcières, Jean Mourel ne tenta pas de nier un seul instant.

Il ignorait encore que des perquisitions avaient été faites dans sa maison, mais, en l’arrêtant à Paris, on avait saisi sur lui une trentaine de billets faux dont il se proposait de se défaire par de petites acquisitions dans divers magasins, et c’était là une preuve tellement accablante qu’il se sentait perdu.

Il reconnut donc immédiatement qu’il était bien le falsificateur que la police cherchait depuis plusieurs mois, mais quand le juge d’instruction lui demanda de nommer ses complices, il répondit sans hésitation, avec fermeté :

— Je n’en ai aucun.

— Aucun ? répéta le magistrat. Et votre femme ?

— Je vous jure qu’elle a toujours ignoré ce que je faisais.

— C’est peu probable ! Du reste nous l’entendrons bientôt ; mais ce qui est inadmissible, c’est que vous ne vous soyez fait aider par personne pour mettre vos billets en circulation. En opérer constamment le change vous-même, c’eût été vous dénoncer tout de suite. Vous êtes trop intelligent pour avoir agi de la sorte. Vous comprenez qu’il me sera facile de découvrir quelles étaient vos relations. Vous avez refusé de dire où vous habitiez à Paris pendant les fréquents séjours que vous y faisiez. Pourquoi ?

Jean avait baissé la tête et gardait le silence.

— Vous ne voulez pas répondre ? Vous réfléchirez. Je reviendrai plus tard sur ce point.

Et, poursuivant son interrogatoire, M. d’Orcières