Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/27

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apprit de Mourel que ses premiers essais de falsification remontaient à près de deux ans et qu’il avait émis pour plus de cinquante mille francs de billets faux.

Mais il ne lui restait que fort peu de chose de tout cet argent. Il affirmait que sa petite propriété de Reims avait été payée avec le produit licite de ses travaux pour les journaux illustrés de Paris.

Alors qu’était devenu tout ce que lui avait rapporté son habileté criminelle ?

Il l’avait dépensé, disait-il, en expériences de chimie et en acquisition des produits qui lui étaient nécessaires.

À ces réponses, le juge d’instruction comprit qu’il y avait une partie de son existence que le faussaire cachait avec le plus grand soin ; cela, bien certainement, parce qu’il ne voulait pas aider à la découverte des complices qu’il devait avoir.

Quelques instants après, lorsque Durest comparut à son tour devant lui, le magistrat eut aussitôt la preuve qu’il avait deviné juste, car, avide de se poser en dénonciateur, afin de bénéficier des dispositions de l’article 138, le clerc d’huissier s’empressa de fournir les renseignements les plus précis sur la manière d’opérer de son ami pour écouler ses billets faux.

J’ai d’abord été dupe de Mourel, dit le misérable. Lorsqu’il commença à me donner à changer quelques billets, de loin en loin, il y a de cela plus d’un an, je ne me doutais de rien. Il me racontait qu’il gagnait beaucoup d’argent en travaillant pour des éditeurs de Paris, et quand j’allais chez lui, dans le petit appartement qu’il occupait avant son mariage,