Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/262

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avec Durest, dont les recherches demeuraient infructueuses, lorsqu’un matin, une rencontre inattendue lui causa la plus pénible émotion.

Il était en train de servir un acheteur, quand tout à coup il entendit un officier de marine, qui venait d’entrer dans sa boutique, s’écrier, en le regardant avec stupeur :

— Mourel, Jean Mourel !

C’était un lieutenant de vaisseau, commandant l’un des avisos de la station de Cayenne, pour qui il avait travaillé maintes fois aux îles du Salut et à Saint-Laurent.

Nier eût été stupide : l’évadé ne songea pas un instant à le faire et répondit :

— Eh oui, commandant, c’est moi-même.

— On vous croit mort, là-bas, ainsi que votre ami Rabot.

— Hélas ! c’est vrai pour lui ! Il a glissé du train de bois sur lequel nous descendions le Maroni je suis arrivé seul ici.

— Où on ne vous a pas inquiété ?

— Non, pas un instant. Il est vrai que je suis resté près d’une année chez des pêcheurs de la côte de Berbice, où la tempête m’avait jeté si violemment que j’ai failli mourir de mes blessures. Quand je suis venu m’installer en ville, je n’ai dit ni d’où je venais, ni mon nom.

— En effet, vous êtes maintenant William Dickson.

— Et je ne serai jamais que William Dickson, si vous ne me dénoncez pas.

— Je manquerais à mon devoir si je gardais le silence à votre sujet, puisque je suis précisément à