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XIII

RUE DE PRONY


Il ne faudrait pas tenter de peindre l’horrible nuit que passa Geneviève, à la suite de la rencontre de ce spectre menaçant qui s’était tout à coup dressé devant elle, dans l’avenue qu’elle suivait pour rentrer à la villa.

Vainement elle chercha le sommeil. Dans sa longue et douloureuse insomnie, toute son existence d’autrefois se représenta à sa mémoire.

Elle revit sa jeunesse insouciante, son mariage maudit, ce jour fatal où elle avait dû laisser fouiller sa maison par la police, la condamnation de son mari, sa fuite de Reims avec Albert Rommier, l’abandon de ce premier amant à Chatou, la naissance de Claude, sa vie de fêtes et de plaisirs bruyants à Paris, la passion d’Adolphe Berquelier, sa fortune augmentant avec une rapidité vertigineuse et devenant assez grande pour lui permettre d’acheter un jour à son enfant aimée un titre de duchesse ; son bonheur enfin, augmenté encore de celui qu’elle avait fait autour d’elle.