Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/271

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de ses angoisses et ce fut avec son sourire de femme heureuse qu’elle lui dit : À ce soir ou demain, quand après le déjeuner, à la gare de Mantes, où elle avait voulu la conduire, sa mère l’embrassa longuement avant de monter en wagon.

En éloignant Geneviève de ce milieu de tendresse et de bonheur dont le tableau surexcitait encore en quelque sorte son épouvante par le contraste qu’il faisait avec l’orage qui la menaçait, le voyage eut pour premier effet de lui rendre un peu de calme.

Seule dans le compartiment où elle avait pris place, elle envisagea avec sang-froid, pour la première fois depuis vingt-quatre heures, la situation que lui faisaient les événements, et elle revint ainsi à ce qu’elle avait espéré tout d’abord, c’est-à-dire à la conviction qu’en y mettant le prix, elle aurait raison de Jean Mourel.

Elle ne craignait qu’une chose, c’est que, la sachant seule dans son hôtel, — il était si bien renseigné qu’il ne pouvait ignorer cela, — il ne tentât de l’intimider par quelque scène violente, fort de son droit de mari, dont le domicile légal est celui de sa femme.

C’était là un danger qu’il fallait prévoir et contre lequel il était nécessaire qu’elle prît des mesures de défense.

Mais comment faire ? Elle ne pouvait songer à donner à ses gens des ordres en conséquence. C’eut été risquer de les mettre dans la confidence de son horrible position, et elle ne pouvait pas davantage s’adresser à l’un de ses amis, gens âgés pour la plupart et qu’elle avait toujours tenus avec tant soin en dehors du honteux mystère de sa vie.