Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/286

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— Pas le moins du monde ! Ce n’est peut-être pas la moitié de ce que tu possèdes, bien que Claude en ait reçu cinq en dot.

— Quelle que soit ma situation pécuniaire, je ne saurais trouver une somme aussi considérable. Ma fortune est en terres, en immeubles ou en valeurs qui ne sont pas réalisables du jour au lendemain.

— Oh ! j’attendrai, s’il le faut ; je ne suis pas sans le sou. Là-bas, j’ai fait quelques économies.

— Vous attendrez à Paris ?

— Sans aucun doute ! Paris est bien changé depuis vingt ans, et comme je ne le suis pas moins, j’aurai grand plaisir de le visiter d’un bout à l’autre. Je ne crains pas du tout d’être reconnu.

— Si telle est votre intention, nous ne pourrons nous entendre, car je ne céderai à vos exigences qu’à la condition expresse que vous quitterez la France, l’Europe même, dans le plus bref délai.

— Par exemple !

— C’est ainsi ! Vous voulez trois millions ? Je vous les donnerai, mais en traites sur Melbourne.

— C’est toi qui es folle ! Après avoir touché mes trois millions en Australie, qui m’empêcherait de revenir ? Aller et retour, c’est aujourd’hui un voyage de quatre mois à peine. Ah ! je comprends, tu comptes un peu sur les accidents de mer.

— Non, mais je veux croire que lorsque vous serez riche, dans un pays où l’on peut vivre avec luxe, vous ne songerez plus à le quitter.

— Et que je m’y marierai, et que j’y deviendrai père de famille. Tu t’es bien mariée ou à peu près, toi, sans être veuve !