Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/294

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gnait sur le boulevard, il allait se hasarder à traverser la chaussée, pour s’en aller du côté opposé, quand, tout à coup, il se pencha de nouveau sur le cadavre, en disant :

— Après tout, ça serait trop bête ! Il n’a plus besoin de rien, le pauvre copain, et ce n’est pas Mme Mourel qui réclamera son héritage.

Et fouillant lestement, comme s’il eut l’habitude de ces perquisitions, les poches du mort, il fit passer tout ce qui s’y trouvait dans les siennes : argent, portefeuille, papiers ; puis, visant une chaîne qui brillait dans l’ombre, il la détacha du gilet, et, à la vue de la montre d’or qui s’y trouvait suspendue, il reprit d’un ton larmoyant, en la glissant dans son gousset :

— Ça sera un souvenir de lui ! De plus, comme cela, on croira bien que le vol a été le mobile de son assassinat. C’est un vrai service à rendre à sa femme ! Quelle gaillarde tout de même ! J’ai eu joliment raison de ne pas m’y frotter ! Elle n’aurait fait de moi qu’une bouchée. J’en ai la chair de poule !

Tout en se livrant à ces apartés cyniques, Durest suivait également une autre pensée, car tout à coup, prenant le cadavre par la tête, il le fit tourner et l’envoya rouler dans la tranchée.

En y tombant, tout au fond, le corps rendit un bruit sourd, et le misérable, sans même jeter un dernier regard de pitié sur son ami, sauta par dessus le fossé, pour disparaître dans l’obscurité de la nuit.

Au même moment, Guerrard, le bras de Geneviève sous le sien, sortait de l’hôtel, dont le concierge, encore levé, leur ouvrit lui-même la porte.

Quelques minutes plus tard, Mme Frémerol mon-