Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/305

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Et Mme  Frémerol, aussitôt, d’une voix saccadée, le rouge au front, raconta rapidement d’où elle était, comment elle s’était mariée, le crime de Mourel, sa condamnation infamante, son refus à elle de le voir pendant le procès et avant son départ pour le bagne, sa fuite en compagnie d’un premier amant, l’abandon de celui-ci et enfin son retour et sa vie à Paris, jusqu’au jour où il était venu à Verneuil pour assister son père auprès de Claude.

Guerrard savait que ! e premier souci que doivent avoir confesseurs et médecins est celui de rester impassibles devant toutes les souffrances, s’ils veulent leur porter remède.

Aussi, sans trahir l’émotion que lui causaient les douloureux aveux de sa vieille amie, lui demanda-t-il avec calme :

— Vous n’aviez plus entendu parler de cet homme depuis qu’il avait quitté Reims, depuis vingt ans ?

— Il m’a écrit plusieurs fois de Toulon, je ne lui ai pas répondu, mais au moment où il allait s’embarquer pour Cayenne sur la Fortune, j’ai envoyé cinq cents francs pour lui au commissaire du bagne. Je lui avais déjà fait parvenir un peu d’argent, à diverses époques, mais sans qu’il pût savoir de qui cela venait.

— Et de la Guyane ?

— Je n’ai reçu de lui aucune lettre ; mais comme il ne savait pas où j’étais, il se peut qu’il m’ait écrit chez Mme  Ronsart. Or, ma tante ayant quitté Reims à son tour sans dire où elle allait, quand je l’ai appelée à Verneuil, il n’est pas impossible que sa correspondance se soit égarée. En tout cas, rien de lui ne m’est jamais parvenu.