Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/382

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— Soit !

Et quittant aussitôt son fauteuil, la fille de Geneviève s’enveloppa du grand manteau de satin bleu soutaché d’or qu’elle avait jeté sur le divan de la loge, en y entrant, et elle sortit la tête haute, mais le cœur profondément ulcéré.

Son mari la suivit aussitôt et ils descendirent côte à côte l’escalier sans échanger une parole. Quand le coupé fut avancé, Robert voulut y prendre place, mais la duchesse lui dit :

— Pourquoi m’accompagner ? Votre absence du théâtre ferait le plus mauvais effet, tandis qu’en y retournant, vous pourrez donner à vos amis, à tous vos amis, un prétexte à mon départ : une migraine subite par exemple ! Je ne passerai chez vous que juste le temps de changer de toilette. Dans un quart d’heure, j’en serai partie.

— Cependant, je voudrais…

— Rien ! Si vous pensez qu’une explication soit nécessaire entre nous, nous l’aurons demain. Ce n’est ni le lieu ni le moment. Je vous prie de donner l’ordre qu’on me conduise à l’hôtel de Paris.

Fort humilié de cette scène, car bien que sa femme parlât rapidement et à demi-voix, plusieurs personnes s’étaient arrêtées sous le péristyle du théâtre et pouvaient l’entendre, M. de Blangy-Portal s’inclina, ferma lui-même la portière du coupé et dit au cocher où il devait aller.

Dix minutes plus tard, au moment où Claude, ayant déjà revêtu son costume de ville, se préparait à partir, Robert parut tout à coup et, après avoir renvoyé Suzanne, il lui dit :