Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/402

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— Si, dans ce rendez-vous, il m’avait tuée, après avoir été lui-même frappé mortellement ?

— Il est certain qu’en se trouvant en face de deux cadavres, le parquet aurait été assez embarrassé, et que s’il était arrivé à découvrir les causes de ce double meurtre, il n’en aurait pas moins été obligé d’en rester là, toute action judiciaire, dans ce cas, tombant forcément d’elle-même.

— Oh ! alors, pourquoi ne me suis-je pas fait justice ! Ma chère Claude n’aurait rien à craindre !

— Mais vous perdez la raison, ma pauvre amie. Je vous en supplie, reprenez un peu de calme. Rien n’est encore désespéré, tant s’en faut !

En parlant ainsi, Guerrard avait pris affectueusement les mains de Geneviève, qui pleurait en répétant :

— Ma fille, ma malheureuse enfant !

— C’est précisément pour elle qu’il faut avoir du courage. Quelle serait sa douleur si elle vous voyait dans cet état, si elle apprenait la cause réelle de vos larmes et de votre désespoir !

— C’est vrai ! Il sera bien assez temps lorsque je ne pourrai plus lui rien cacher !

— Voyons, mettons les choses au pire : admettons que la justice arrive jusqu’à vous, ce qui serait très fâcheux, je te reconnais, cela ne l’amènerait pas forcément à aller jusqu’à Mme  la duchesse de Bltangy-Portal, que personne, en quelque sorte, ne sait vous tenir de si près. De tout le bruit qui se ferait autour de vous, son honneur ne recevrait aucune atteinte, car en supposant, ce qui est exagéré somme toute, — le duc n’est pas un misérable, – qu’il voulût exploiter