Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/428

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le cheval allait grand train au contraire, mais les minutes étaient interminables pour Claude, qui sanglotait.

Le coupé entra enfin dans la cour de l’hôtel et s’arrêta devant le perron.

Mme  de Blangy-Portal sauta à terre ; mais, entrée dans le hall du rez-de-chaussée, elle hésita. Elle n’avait jamais franchi le seuil de cette maison et ne la connaissait que par ce que lui en avaient raconté les uns et les autres.

— Venez, lui dit Guerrard, qui l’avait rejointe et lui montrait l’escalier conduisant au premier étage.

La duchesse s’élança et fut bientôt dans la chambre de Mme  Frémerol, qui répétait dans son délire :

— Ma fille… ma Claudine !

— Me voilà, s’écria la jeune femme en ne faisant qu’un bond jusqu’au lit, pour prendre sa mère dans ses bras et couvrir son front de baisers.

Puis, celle qu’elle pressait tendrement sur son cœur ne répondant pas à ses caresses, elle se redressa un peu pour la regarder et, comprenant aussitôt l’irréparable malheur qui la menaçait, elle retomba désespérée sur son sein.

La mourante, alors, comme si elle revenait momentanément à la vie au contact de son enfant, la reconnut et, les yeux démesurément ouverts, elle lui dit d’une voix de moins en moins perceptible :

— Toi, ma Claude bien aimée, toi ! Que Dieu soit béni ! Pardonne-moi. Guerrard te défendra. Aie confiance en lui. Il me l’a juré… Adieu ! adieu !

Et dans un effort suprême d’amour maternel, elle imprima longuement ses lèvres déjà glaçées sur le